Missionnaires de Scheut

La nouvelle de son départ nous a tous bouleversés, par son imprévu, mais surtout par la perte d’un confrère précieux.

Originaire de Blaugies près de Mons, il avait rarement raté le rendez-vous du Doudou avec ses amis. Partout où il allait, il était le bienvenu et même attendu avec impatience, car toujours de bonne humeur, il avait l’art de mettre tout le monde à l’aise et ses bons mots, surtout lors de réunions ardues, étaient une véritable détente pour tous.

De tous ses lieux de vie et ses activités, il a gardé de nombreux amis. Que ce soit au Petit Séminaire diocésain de Bonne Espérance, à St.-Denis près d’Obourg où il avait animé durant plusieurs années des retraites pour jeunes sous la houlette du P. Pierre Lefèbvre, que ce soit au Congo où il avait donné des cours de français pendant quelques années au petit Séminaire de Mbata Kiela, ou au Sénégal où il avait été le premier à s’enfoncer dans la région désertique et hostile de Mattam, tout à fait au Nord.

J’avais été lui rendre visite dans cette ville de 15.000 habitants dont seuls 6 habitants étaient chrétiens. Ma question était mais que peut bien faire un prêtre au milieu de ce monde musulman ? Cela sautait aux yeux : créer de véritables liens d’amitié avec les Sénégalais musulmans, avec les quelques chrétiens et les nombreuses ONG qui sillonnaient la région. C’est là qu’il a reçu le nom de Gaby Djouf. Plus d’une fois, ses amis sénégalais lui avaient même demandé pourquoi il ne se convertissait pas à l’Islam, car il avait toutes les qualités d’un bon musulman.

C’est avec grand regret qu’il quitta son pays d’accueil après quinze ans de présence, afin de répondre à l’appel pressant de la Province francophone de Belgique qui avait besoin d’un responsable, tâche qu’il accomplit pendant 10 ans. Tous les Scheutistes gardent de lui l’image d’un grand frère accueillant, attentif à tous et toujours prêt à répondre à chaque demande. Au milieu des grandes difficultés, ou de grandes décisions à prendre, lors de réunions tendues, il avait toujours le bon mot pour détendre l’atmosphère afin de reprendre sur un ton plus calme.

C’est ensuite la petite communauté de la Gare du Nord, à la rue d’Aarschot qui eut le bonheur de l’accueillir pendant une dizaine d’années. Il prenait le relais de Léon Debruyne comme curé de cette petite paroisse de Sts.-Jean-et-Nicolas. Là aussi, ses talents d’attention à toutes et à tous feront merveille. Que ce soit par rapport aux paroissiens, aux voisines aux fenêtres, à quelques habitants de la gare, aux policiers de quartier, au tissus associatif, aux autres prêtres de l’Unité Pastorale ou aux commerçants musulmans. Gabi avait une attention particulière, il savait les recevoir, les mettre à l’aise ; il les connaissait toutes et tous par leur prénom.

En 2010, sentant ses forces diminuer, il décida de rejoindre la communauté d’Embourg pour laquelle sa présence fut comme un nouveau rayon de soleil. En effet, alors qu’il n’avait aucune responsabilité, il était à l’écoute de tous et de toutes, prêt à déceler la moindre petite difficulté et à œuvrer pour que chacun se sente parfaitement à l’aise. Ensuite, comme vice recteur, non seulement il rendait d’innombrables services, mais pouvait détendre l’atmosphère par sa bonne humeur et ses bons mots. Ce qui est également particulier à Gabi, c’est qu’il savait concilier à la fois sa Mission de Scheutiste là où il était, avec l’accueil d’amis fidèles. Que ce soit au Sénégal, comme provincial, à la Gare du Nord ou à Embourg, il se réservait toujours le droit de passer quelques jours avec de fidèles amis, d’Alsace ou d’ailleurs.

Il savait que la chimio ne changerait rien, il était prêt et même il blaguait encore sur son état deux semaines avant son départ. Tu restes Gabi, un exemple et une route à suivre pour nous tous.

Jean Peeters